À travers l’analyse des étapes de la territorialisation de l’économie marchande transnationale au centre de Tunis, la communication propose de montrer que les conditions socio-économiques et les arrangements politiques s’articulent pleinement dans l’implantation fragile mais durable d’une activité pourtant toujours reléguée à l’informalité._x000D_
Au centre de la capitale, la médina de Tunis est un espace marchand ancien. C’est pourtant bien en marge des souks traditionnels, dans les quartiers résidentiels et dégradés de la bordure orientale de la ville arabe qu’a émergé une centralité marchande transnationale dans les années 1980 : le souk Zarkoun. Constituée spontanément à partir de navettes migratoires et marchandes transméditerranéennes et transfrontalières, cette centralité s’est ensuite redistribuée dans la ville en plusieurs temps._x000D_
Dispersée par les autorités en 1993, elle s’est d’abord reterritorialisée dans deux sites – les souks Moncef Bey et Boumendil –, dans un rapport distinct aux autorités, entre évitement et collaboration. Le développement de l’importation de produits « made in China » sous l’effet d’arrangements politico-économiques impulsés par les proches du régime du président Ben Ali a ensuite conduit à la mondialisation et à l’expansion de chacun de ces marchés dans les creux de la croissance urbaine. _x000D_
Cependant, la révolution et le changement de régime en 2011 sont venus remettre en cause les arrangements préexistants et avec eux, les conditions de la stabilité et de la prospérité de ces marchés. Cela a provoqué une crise de l’importation en même temps qu’une dérégulation de l’activité et de la territorialisation marchandes. _x000D_
Cette dernière recomposition spatiale a accentué la visibilité du commerce transnational dans la ville et la remise en question politique de la légitimité de sa présence dans l’espace urbain post-révolution. _x000D_
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Adrien DORON
Université Paris Cité – UMR Géographie-Cités


 
ID Abstract: 587